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Monographie de Notre Dame des Millières et divers Savoie

Le pont de Lodi

Publié par Abbatucci

Napoléon Bonaparte, après avoir passé le Pô à Plaisance [Piacenza], remonte la rive droite de l’Adda, un de ses affluents du nord, à la recherche de la faille dans le dispositif adverse qui lui permettra de franchir ce nouveau cours d’eau et de poursuivre l’ennemi. Le général en chef autrichien Johann Pierre de Beaulieu-Marconnay, surpris par un passage qui s’est effectué 80 kilomètres en aval de ses prévisions, vient en effet d’évacuer Milan pour faire retraite sur Crémone [Cremona].

Après avoir renoncé à traverser l’Adda à Pizzighettone , trop bien défendue, puis testé les forces de l’arrière-garde autrichienne aux environs de Zorlesco , Bonaparte et Louis-Alexandre Berthier découvrent à Lodi , à 31 kilomètres au sud-est de Milan, le point faible qu’ils cherchent. Un pont , intact, y relie la ville à la rive gauche de l’Adda.

L’ouvrage, large de douze mètres et long de près de deux-cents (cent toises), vient de servir à faire traverser la rivière aux ultimes détachements autrichiens se trouvant encore sur la rive droite de l’Adda. Il est défendu par l’arrière-garde autrichienne, commandée par le général Karl Philipp Sebottendorf, et si ce dernier n’a toujours pas donné l’ordre de le détruire, c’est que les Autrichiens sont loin de s’attendre à subir si vite une attaque sérieuse des Français. Mais Bonaparte, bien au contraire, croyant Beaulieu présent avec toutes ses forces derrière Lodi, veut passer à tout prix pour l’empêcher de s’enfuir.

Les combats

Lorsqu’il arrive devant le pont, accompagné seulement de la cavalerie du général Marc Antoine Bonnin de la Bonninière de Beaumont et d’une avant-garde de grenadiers commandée par le général Claude Dallemagne (les divisions d’André Masséna et de Charles Augereau sont en marche mais n’ont pas encore rejoint), Bonaparte installe son artillerie sur les hauteurs qui bordent la rive droite de la rivière et canonne pendant plusieurs heures les Autrichiens pour leur interdire de s’approcher de l’ouvrage et de le faire sauter.

Sebottendorf recule ses troupes hors de portée des tirs français et les organise en deux lignes. La première comprend trois bataillons, munis de vingt bouches à feu qui prennent le tablier en enfilade ; la seconde, formée de cinq autres bataillons, se tient plus en arrière, appuyée par la cavalerie. Au total, le général Sebottendorf dispose de 9 500 hommes. Les forces françaises sont presque deux fois moindres.

Prévoyant la difficulté du passage, Bonaparte, après avoir examiné la position ennemie du haut du campanile de Santa Chiara, envoie sa cavalerie et l’artillerie légère chercher un gué vers le nord , du côté de Montanasso. Il espère les voir déboucher quelques heures plus tard sur le côté droit du dispositif autrichien. Il lancera alors son infanterie à l’assaut du pont.

En fin d’après-midi, alors que Beaumont ne se montre toujours pas, les 6 000 hommes de la division Masséna se présentent sur le champ de bataille après avoir marché depuis six heures du matin. Bonaparte décide de jouer son va-tout et de tenter l’assaut sans attendre davantage. Un court repos est accordé aux arrivants puis, vers dix-neuf heures, le deuxième régiment de carabiniers, composé de Savoyards, reçoit l’ordre de franchir le pont le premier. Les grenadiers, qui se sont organisés en colonne serrée derrière le rempart de la ville, doivent suivre. Au cri de « Vive la République », les Savoyards s’avancent sous les ordres de leur chef de bataillon Pierre Louis Dupas et une avalanche de mitraille. Le carnage est tel que leur élan en est un instant brisé. Les assaillants marquent un temps d’arrêt.

Aussitôt, les généraux Masséna, Berthier, Dallemagne et Cervoni se ruent en personne à l’attaque. Leur exemple galvanise la troupe qui traverse le pont au prix de 400 victimes, les derniers arrivés enjambant l’amas des corps de ceux tombés devant eux. Simultanément, quelques tirailleurs parviennent à franchir la rivière à la nage, détournant en partie l’attention des défenseurs. Un furieux combat à la baïonnette s’engage. Les Autrichiens sont repoussés derrière leur propre artillerie. Le reste de la division Masséna suit et s’étend sur chaque aile. La division Augereau, arrivée entretemps, passe à son tour et prend position sur la rive gauche.

Sebottendorf ordonne alors la retraite. Beaumont, longuement retardé par la mauvaise qualité du gué qu’il a emprunté, paraît enfin sur le champ de bataille, mais trop tard pour intervenir efficacement dans la poursuite. De ce fait, les Autrichiens parviennent à se maintenir dans le village de Fontana jusqu’à la tombée de la nuit. Ils se retirent ensuite sur Crema , peu vigoureusement pourchassés par des Français fourbus, qui s’arrêtent à Tormo pour y établir leur camp, la cavalerie occupant les environs de Crespiatica .

Au soir de la bataille, Napoléon Bonaparte installe son quartier général au Palazzo Modignani de Lodi. (source Napoléon et Empire)..... étonnant Bonaparte gagnera l'affrontement malgré son insuffisance numérique? 38000 français très affaibli face aux 63000 autrichiens et piémontais